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Au réveil, la première réflexion est "que d'arbres que d'arbres que d'arbres que d'arbres .... "
Prendre le Canadien, c'est une vraie croisière verte à travers la foret à bord de ce gigantesque serpent d'acier inox qui se faufile entre les bouleaux les épicéas les sapins etc .... A bord les voyageurs sont chouchoutés comme des pachas par du personnel très attentionné et très disponible. "Le Canadien" plus qu'un voyage en train, c'est une véritable croisière ferroviaire à travers cet immense pays.
Je suis aussi impressionné par le gabarit des trains de fret du CN ( Canadian National ) que l'on croise à chaque passage à double voie. Ici le fret ferroviaire, c'est une affaire qui roule et il n'ont pas besoin de faire du ferroutage : ils posent tout simplement les grosses caisses des porte conteneurs sur des wagons plats et ils peuvent même en empiler 2 l'une sur l'autre par wagon. Sans compter les wagons citerne, les tombereaux de grain et autres wagons dont j'ignore l'utilisation. J'ignore également la longueur maximum autorisée pour les convois de fret mais c'est tout simplement hallucinant ! 2 énormes locos diesel en tête, parfois une au milieu du convoi ( télécommandée depuis la cabine de la loco de tête ? ) et un convoi doit bien faire plus d'un km de long ....
Quand je pense que certain collègues qui m'avaient fait la réflexion avant de partir "mais il n'y a pas d'avion entre Toronto et Vancouver ?" Bien sur que si il y a des avions, mais j'avais répondu : Mais il y aussi un train, alors je prends le train, c'est comme ça ! Et je ne regrette absolument pas.
Enfin le train, c'est aussi un excellent moyen de nouer des contacts avec les autres voyageurs surtout à la voiture restaurant : parmi les rencontres une québécoise qui va à Saskatoon dans le saskatchewan, une autre qui est étudiante qui va à Jasper ou à Banff pour un job d'été dans le tourisme, un couple d'américains du Colorado qui visitent le Canada à leur rythme, un couple Allemand qui s'arrête à Winnipeg pour visiter la ville et reprendront le train quelques jours plus tard, un couple d'Ontariens qui vont à Prince Ruppert en changeant de train à Jasper. Dans l'ensemble il y a quand même beaucoup de retraités car il faut du temps pour entreprendre une telle croisière. Ces contacts sont impossibles sur un vol de 4 h en avion. Au mieux on peut discuter avec son voisin si celui ci veut bien.
Bien sur j'explique mon projet de relier l'Amérique du sud à vélo, et certains sont très impressionnés voire admiratifs. Mais en fait sur une durée d'un an c'est tout à fait possible d'autres l'ont fait alors pourquoi, je n'y arriverais pas ?
Sur les indications de Joey, j'ai visité le petit musée d'Islington à proximité de chez lui ( 5 mn à pied ).
Je suis d'abord arrivé un peu tôt puis étant le seul visiteur, j'ai bénéficié d'explications individuelles auprès d'un guide sympathique et passionné. En fait le musée est un ancien Bed & Breakfast du XIXème siècle et il y a toujours l'enseigne Inn ce qui fait que parfois ils ont des visiteurs qui demandent une chambre ;-)
C'est un protestant irlandais de l'ordre d'Orange ( encore connu aujourd'hui en Ulster mais qui est devenu très marginal au Canada ) qui a établi cette auberge d'abord avec une seule chambre et comme les affaires marchaient bien il a agrandi en construisant successivement 2 ailes une à l'est et une au sud. A l'époque, l'auberge était située en pleine campagne à l'extérieur de la ville de Toronto qui a bien grandi depuis.
A l'époque il suffisait d'avoir une seule chambre à louer pour avoir une licence qui permettait aussi de vendre de l'alcool. La propriété s'apparentait plutôt à un Bed & Breakfast actuel qu'à un hôtel, car les hôtes vivaient et mangeaient avec les clients.
Au Canada, les édifices historiques sont très rares et les plus anciens datent du XIXème et il ne reste pratiquement plus rien d'avant le XIXème. Aujourd'hui tous ces édifices sont systématiquement préservés et considérés comme faisant partie du patrimoine du pays.
D'ailleurs les Canadiens apprécient beaucoup les "vielles pierres" lorsqu'ils viennent en Europe.
L'après midi, c'est séance internet avec une communication hachée avec ma sœur Annette, car la liaison chez Joey et Marie est vraiment capricieuse et aléatoire. Leur FAI se fout carrément du client, je leur ai conseillé d'en changer s'ils peuvent. Et comme ils ne connaissent pas trop la technique internet, ils se font avoir. C'est scandaleux :-(( Au début, j'ai soupçonné mon portable de ne pas bien supporter la carte WIFI mais non, j'avais la page d'accueil de leur routeur mais aucune liaison réseau. Enfin je finis après plusieurs tentatives infructueuses par avoir la liaison Skype avec Annette et pour pouvoir consulter mes mails. Je dois envoyer par Fax en France l'ordre de virement à Bagages du Monde pour récupérer mon drôle d'oiseau à Vancouver le plus tôt possible. Et là Joey a été formidable, il m'a d'abord imprimé les 2 pages de Bagages du Monde, j'ai signé les 2 pages et il mes les a faxé en France vite fait bien fait, un grand merci à lui. Une adresse que je vous recommande chaudement si vous passez à Toronto. ( voir leur site dans les liens )
Le train "Le Canadien" N°1 dans la numérotation VIA Rail part de Toronto à 22 h 00 3 fois par semaine et arrive 3,5 j plus tard à Vancouver. J'ai un peu transpiré dans le métro pour transporter mes affaires un peu lourdes et j'ai du enregistrer le gros carton contenant mes sacoches le porte bagages et diverses bricoles un peu lourdes comme la sacoche à outils de mon drôle d'oiseau. J'ai du payer 21 $CAN pour 3 livres de plus ! Cher l'excédent de bagages chez Via Rail ! Mais le personnel m'a proposé d'alléger le colis et d'amener l'excédent avec moi. Finalement, j'ai préféré payer car j'avais eu tellement de mal à boucler le colis même si ils m'ont proposé de remettre du scotch.
J'apprécie tout de suite le gabarit généreux des couchettes même si je n'ai eu qu'une couchette supérieure à tarif réduit au moment de la réservation En fait on ne voit rien de la sortie de Toronto.
Aujourd'hui 16 mai départ pour Niagara Falls avec un train puis un bus de la compagnie GO ( Government of Ontario ). Je marche beaucoup pour chercher un hôtel que m'avais indiqué Joey mais j'opte finalement pour un motel plus économique.
La ville de Niagagra Falls est un espèce de mini Las Végas de peu d'intérêt. Il y a aussi un coté "andorran" à Niagara Falls à cause des nombreuses boutiques de cigares cubains. En effet les USA imposent un embargo contre Cuba depuis 60 ans environs et le Canada commerce avec Cuba. Du coup les cigares cubains arrivent à Niagara Falls et repartent certainement clandestinement vers les USA voisins.
Si la ville ne présente que peu d'intérêt le site des chutes vaut largement le déplacement surtout en allant en bateau au pied des chutes pour prendre une bonne douche canadienne avec des ponchos en plastique bleus fournis par la compagnie de bateaux.
On apprend au cours de la balade en bateau que les chutes ont reculé d'environs 11 km depuis 11000 ans à cause de l'érosion.
Enfin il y a un spectacle en Imax et en en français lors de la première séance de 9 h 00 sur l'histoire des chutes et en particulier sur l'exploit d'Andy Taylor une institutrice qui s'est faite enfermer dans un tonneau bien rembourré à l'intérieur puis s'est jetée du haut des chutes et elle en est sortie indemne. Son expérience a fait des émules et il y a eu depuis de nombreuses tentatives pas toujours couronnées de succès. Ce qu'on peut dire c'est qu'à Niagara ou ça passe ou ça casse ! Depuis un accident mortel dans les années 50 les gouvernements américains et canadiens ont rendu ces tentatives illégales et passibles d'une très lourde amende ! Mais ça n'a pas dissuadé les candidats. Peut on faire une loi pour interdire le suicide ?
A l'occasion de cette visite aux chutes, j'ai compris pourquoi, on n'a pas besoin de ticket dans le métro et les bus de Toronto : en fait on achète soit des petits jetons métalliques à l'unité ou par 4 ou 10 ou on prend un forfait jour semaine ou mois. A l'entrée dans le métro ou le bus on jette un jeton dans une fente et le tour est joué. Les correspondances bus métro se font dans des gares bus closes reliées directement au métro. Avec ce système il est évidemment impossible de faire des contrôles sur les quais où dans les rames. Le premier jour à l'aéroport, en fait le bus m'avait laissé à l'intérieur de la zone contrôlée, c'est la raison pour laquelle, je n'ai trouvé ni guichet, ni distributeur de jetons et que l'accès aux quais était libre. En fait comme je n'avais pas l'appoint ( comment faire quand on vient juste de changer à l'aéroport ? ) le chauffeur n'ayant pas la monnaie, m'a laissé monter sans payer !
Après un copieux "petit" déjeuner, ( mais peut on encore appeler ce repas pantagruélique matinal un "petit" déjeuner ? Avec Joey et Marie, il va falloir revoir le vocabulaire français ), je pars à la découverte de Toronto et faire quelques achats manquants dont certains trucs que je ne pouvais pas trouver en France comme un câble d'alimentation au standard américain pour mon PC. J'achète un forfait journée pour le bus le métro et les tramways appelés ici "streetcars". Au passage dans la galerie marchande Eaton je pose pour une campagne d'Oxfam Canada qui tenait un stand dans la galerie. La campagne portait sur l'accès à une alimentation correcte pour tous et en particulier pour les paysans du sud. Oxfam est connue en Europe pour faire en particulier du commerce équitable avec les pays du sud pour garantir aux producteurs un revenu digne en échange de laur travail.
Ces galeries commerciales sont de véritables rues piétonnes couvertes permettant de faire les achats dans de bonnes conditions de confort en particulier pendant les longs et rigoureux hivers canadiens.
Comme j'avais un forfait journée, j'ai pris le tram 501 jusqu'à son terminus Est qui m'a amené jusqu'à l'usine de traitement de l'eau potable ! Extérieurement, je me suis dit "tiens, Vauban est passé à Toronto !" On dirait effectivement un fort Vauban. Comme c'était l'heure du casse croute, je suis rentré dans un petit restau qui était déjà bien plein ( en général, c'est bon signe ) et j'avais vu juste. J'ai dégusté un délicieux petit vin blanc canadien de la région de Niagara Falls et franchement, les vignerons français n'ont qu'à bien se tenir, la concurrence est rude !
Le matin réveil dès 6 h 00 après une nuit courte :Ça y est, heureusement l'avion ne part pas trop tôt, j'ai juste le temps de régler les derniers petits trucs de dernière minute : appeler France Télécom alors que j'avais été à l'agence, le mercredi précédent ( le jeudi était férié ) et que que l'on m'avait garanti que les centres d'appels fonctionneraient ! Bernique impossible à joindre avant vendredi matin 8 h .... Ouf, je réussirais à les avoir à la dernière minute et à préparer une lettre en blanc à Annette en lui donnant toutes les indications pour la résiliation. Par contre je découvrirais plus tard que mon mobile ne marchera pas au Canada et ça personne ne me l'avait dit à l'agence.
Je suis passé en trombe à la pharmacie ou une boite de collyre pour les yeux m'attendait et chez mon toubib pour une ordonnance pour le voyage que j'achèterais finalement à la pharmacie de Roissy.
J'avais confectionné une gros carton de matériel pour les différentes sacoches car je n'avais droit qu'à un seul bagage de 23 kg maxi en soute., ils ont un peu tiqué pour le diable qu'on a attaché avec ma sœur avec les sangles. Finalement c'est passé.
Le vol Toulouse Paris s'est passé sans encombre.Dans l'avion de Paris, je suis à coté d'un couple qui se rend à Lille par le TGV entre Paris et Lille. Je leur parle de mon périple mais ils ont visiblement d'autres préoccupations. Arrivé à Roissy, j'ai terminé mes derniers achats à la pharmacie avec quelques petits problèmes car ma mutuelle était inconnue de la pharmacie, j'ai du faire l'avance en espérant être remboursé rapidement.
Dans l'avion de Toronto, je me retrouve à coté d'un Canadien bilingue ( mais il était quand même plus à l'aise en anglais ) et en discutant, il m'explique que son frère vit à Vancouver et qu'il a traversé le Canada d'ouest en est à vélo et que quasiment tous les cyclo-touristes qui traversent le Canada vont d'ouest en est à cause du vent. A priori, ça présume bien des premières étapes. à partir de Vancouver pour aller vers Yellowstone par contre pour revenir de Salt Lake City vers Lassen et Sacramento, ça risque d'être une autre histoire.
La traversée se passe sur une mer de nuages au dessus de la France puis de l'Angleterre et au dessus de l'Atlantique. On passe bien au sud de l'Islande mais je ne sais pas si c'est le trajet habituel du vol ou si il fallu éviter les cendres du volcan islandais Eyjaffjoll qui a bloqué le trafic aérien pendant plus plusieurs jours en Europe au mois d'avril. Le ciel se dégage un peu au dessus de la Gaspésie et il y a un peu de neige presque au bord de l'estuaire du Saint Laurent ! La mer de nuages revient vers Québec et Montréal pour finalement disparaître à l'arrivée à Toronto.
J'ai eu quelques péripéties à Toronto : d'abord mon carton n'arrivait pas sur le convoyeur à bagages ... ça commence fort l'aventure En fait en demandant au personnel de l'aéroport, la caisse a été considérée comme un bagages spécial et livrée à part : OUF :-) Après les formalités de douane rapides et efficaces et un accueil sympathique en plus, je cherche un moyen de transport en commun pour rejoindre un Bed & Breakfast que j'avais repéré sur le guide mais sans savoir à priori si il y avais de la place. Et en demandant à une brave dame qui avait l'air de connaitre l'endroit, j'ai perdu un peu de temps. Elle a commencé par se planter de terminal avec le train intérieur de l'aéroport, après, j'ai très vite compris qu'elle ne connaissait pas et qu'en plus, elle n'avait pas l'air d'être très dégourdie .... En lui faussant compagnie, j'ai finalement trouvé un bus express qui m'a amené au terminus Kipling de le ligne verte du métro. Dans le bus, j'ai voulu payer mais le chauffeur n'avait pas la monnaie : pas de problème il m'a laissé monter sans payer étant donné que c'était un billet combiné bus métro et que si je payais le métro, ça revenait au même, mais le plus étonnant c'est qu'arrivé au métro : impossible de trouver un guichet ou une machine pour acheter un billet : bizarre quand même. Je demande à plusieurs personnes dont la vendeuse du kiosque et toujours la même réponse : "you don't need a ticket". Pas besoin de ticket ? J'hallucine et le plus fort, c'est que l'accès aux quais est libre ! Pas de "hachoir à viande" ( qui empoisonnent la vie des voyageurs honnêtes plus qu'ils ne freinent les fraudeurs ) à franchir comme à Paris. Bon comme j'étais bien fatigué du voyage, j'embarque pour une station sans ticket mais pas l'esprit tranquille quand même en cas de contrôle. Après recherche du bon bus et des aides bienvenues spontanées d'autre voyageurs, j'arrive finalement à Islington Avenue dans un B&B très sympathique.
Je comprendrais par la suite pourquoi il n'y a pas besoin de ticket de métro à Toronto avec le système de paiement en place dans cette ville. En fait, ils ne peuvent pas faire de contrôle sur les quais ou dans les rames. Par contre il y a du personnel à l'entrée des stations pour contrôler. Et puis, j'ai constaté que l'immense majorité des gens jouaient le jeu. Finalement ce métro "sans ticket" mais pas gratuit quand même est tout à fait rassurant.