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En quittant Pozo Almonte le matin, je repsse à la pharmacie car ça n'a pas beaucoup évolué depuis hier et le premier tube de pommade est presque fini. Au croisement de la route de Colchane, je retrouve le flic qui m'avait escorté à Pozo Almonte à Huara et je lui demande si c'est loin pour aller voir 'el Gigante de Tarapaca' et surtout si c'est plat ou si il y a des cotes. C'est à 14 km plus 1 km de piste et les 10 premiers km sont plats et les derniers km montent progressivement. Je suis assez prudent avec ce genre d'informations pour une fois elles vont s'avérer exactes. 'el Gigante de Tarapaca' connu aussi sous le nom de 'el Gigante de Atacama' est un géoglyphe géant de 86 m de haut qui aurait été réalisé vers l'an 1000 et qui représente une divinité. Il est invisible depuis la route par contre une fois qu'on est du bon coté de la colline qu'il ne faut surtout pas gravir, c'est assez impressionnant ! Après quelques photos je retourne à Huara et je m'installe pour manger dans un restaurant au bord de la route et je remercie encore une fois le flic qui m'a donné des renseignements exacts.Après avoir commandé en attendant que ça arrive, je commence à appliquer consciencieusement la pommade de la pharmacie de Pozo Almonte et à ce moment deux dames m'abordent pour me demander ce que j'ai si j'ai des douleurs ou non et me conseille de suite d'aller voir un docteur mais je ne sais pas ou aller. Elle m'amène à la "Posta" qui est le dispensaire du village et me présente à Sergio qui est prêt à m'accueillir chez lui car il est un peu tard pour reprendre la route. A la "Posta" il m'examinent : tension température etc ... puis me font une injection intraveineuse et me donne des cachets pour une semaine et uniquement la dose nécessaire. Heureusement pour moi ce n'est rien de grave peut être des poux qui viennent certainement de la literie de l'auberge d'Iquique. Je demande à payer la consultation et les médicaments mais ils refusent, les soins sont gratuits et je vais me rendre compte par la suite qu'ils sont très efficaces. Puis j'arrive chez Sergio qui me reçoit dans sa maison en pin d'Oregon qui date du début du XXème siècle, c'est à dire à l'époque de la prospérité des mines de nitrates. La salle principale est un immense atelier de fabrication de cerfs volants ou je range mon drôle d'oiseau dans un coin et Sergio installe un rideau pour séparer la pièce ou je vais dormir sur mon matelas de camping. Sergio est l'ancien maire de Huara et son fils qui s'appelle aussi Sergio est candidat à la mairie pour les élections de fin octobre. Et rapidement nous discutons politique et en particulier des relations qu'il a avec les partis écologiques du Chili si il y en a. Parce que j'ai tout de suite été frappé par certains détails qui me font penser qu'il a une très forte sensibilité écologique. Être écologiste dans le désert d'Atacama, c'est d'abord faire attention à l'eau, ressource rare et précieuse : c'est le premier WC à double commande que je vois au Chili pour limiter la consommation d'eau. Pour la douche ( qui est uniquement froide ) il a une paume qui diffuse de très fines gouttelettes d'eau ce qui fait qu'on en consomme très peu et on arrive à se laver et se rincer quand même. Il m'offre des oranges biologiques de production locale avec une banane équatorienne ( par contre il ne sait pas si la banane est bio ou pas ) car le Chili n'en produit pas. Et faire de l'agriculture biologique au Chili par ailleurs gros producteur de nitrates ne doit pas être si facile que ça ! Sergio est Ayamara et a été un des rares maires indigènes du Chili. Il le comprend mais le parle plus difficilement. La commune de Huara est très étendue et regroupe de nombreux villages et sur ses affiches électorales il y a la liste de tous les villages de la commune. Il me montre aussi la Waïpala ( je ne suis pas sur de l'orthographe ) qu'il va même m'offrir, qui est le drapeau Ayamara avec les 7 couleurs de l'arc en ciel symbole de paix. Il me traduits quelques mots en Ayamara : Inti : le soleil ( Antu en Mapuche, tiens il y a une ressemblance ... ) Parina le flamand, Cota le lac d'ou le nom du volcan Parinacota dans la parc Lauca près de la frontière bolivienne. Presque tous les noms de lieux ou de villes dans le nord du Chili sont d'origine Ayamara ou Quechua. Il reçoit quelques militants qui soutiennent son fils pour l'élection de fin octobre. Et dans leurs discussions assez passionnées et rapides, je comprends quelques mots comme "porte à porte" .... Ils font comme chez nous !
La rencontre complètement due au hasard avec Sergio et sa famille est complètement impossible dans un voyage traditionnel avec forfait "tout compris" ( sauf boissons en sus et achats personnels suivant la formule consacrée dans les catalogues des agences de voyages ) Imaginons que je n'ai pas attrapé ces foutus parasites et bien j'aurais peut être continué ma route et jamais je n'aurais rencontré Sergio et sa famille ... Parfois il y a des moments très durs dans le voyage à vélo avec pluie et vent de face ou on ne trouve rien pour coucher à des km à la ronde ou on doute, mais quand on vit des moments forts comme ce soir, là on se dit que ça vaut vraiment le coup de se lancer dans l'aventure !
Le matin je fête mon anniversaire avec Christian qui m'amène dans un tout petit restaurant qui a juste 2 tables sur le marché couvert. Je demande sans trop y croire si ils ont 5 grosses bougies et 6 petites mais non ils n'ont pas de bougies ! Christian m'amène à une pharmacie car j'ai attrapé des espèces de parasites sous le peau certainement à l'auberge de Iquique Le pharmacien me vend une pommade que je m'empresse d'appliquer sur les bras le cou et le dos en espérant faire disparaître ces saletés de bestioles. Puis je me balade dans la ville et nous nous sommes données rendez-vous avec Christian vers 12 heures afin de déjeuner ensemble devant les chambres. a 12 H 00, il n'est pas là, mais je n'ai pas le choix je dois l'attendre car il est le seul à avoir les clés et je décide de rester une journée de plus à Pozo Almonte. Après le repas je pars visiter la Oficina Humberstone qui est une ancienne mine de salpêtre et d'iode. Les conditions de travail sont très difficiles pour les ouvriers : chaleur, vent, sécheresse. La mine a été créée en 1872 et abandonnée en 1960 puis déclarée patrimoine mondial de l'Humanité en 2005 Il y a des expositions de diverses choses comme des affiches publicitaires pour les nitrates du Chili ( produit naturel dixit la publicité ) en français " Si vos betteraves parlaient, elles exigeraient des nitrates du Chili !" publicité diffusée à l'occasion d'une foire exposition à Lille en France ou peut être d'un salon agricole dans les années 50 ! La visite comprend aussi les logements des différents personnels du directeur de la mine jusqu'aux ouvriers : le directeur avait un logement assez spacieux et confortable y compris avec une salle de bain ce qui était un luxe à l'époque surtout en plein désert. Quand aux ouvriers : ils n'avaient qu'une pièce commune qui servait à tout bien sur sans salle de bain.
Les nitrates qu'ils soient de synthèse ou naturels ou qu'ils sortent d'élevages industriels de porcs, c'est toujours des nitrates et quand il y en a trop c'est trop. L'usine AZF ( anciennement ONIA ) de Toulouse qui e explosé en septembre 2001 ) avait contribué à la chute des mines de salpêtre du Chili. Il faut bien toute l'après midi pour faire la visite car la mine est assez vaste et c'était une vraie ville qui est aujourd'hui abandonnée avec un hôtel qui avait une piscine et un théâtre avec balcon ! Il y a d'autres mines de salpêtre abandonnés au nord du Chili mais celle ci est la plus connue et la plus importante. Je n'aurais pas le temps de voir la mine Santa Laura qui est de l'autre cité de la route. Lorsque je rentre je retrouve Christian à la chambre et me propose de retourner au restaurant de midi mais c'est fermé on va dans un autre qui est correct mais un peu plus cher. Puis nous allons dormir car demain je reprends la route et lui son travail.
Pour sortir d'Iquique, je vais un peu chercher et aller un peu trop au sud car la direction n'est pas indiquée et faire 2 ou 3 cotes très dures dans la ville. Puis enfin je trouve la bonne route. C'est une 4 voies avec un trafic infernal jusqu'à Alto Hospicio ou je m'arrête dans une station service pour boire un jus de fruits. Après Alto Hospicio, la route A16 continue à monter mais le trafic a un peu diminué mais ce n'est plus une 4 voies ce qui en fait revient au même.puis il y a un morceau presque plat puis une bonne descente suivie d'une montée infernale que je gravis à la tombée de la nuit ! Encore une fois je peste contre cette manie de faire des routes droites comme des I. C'est vraiment désertique et je ne vois pas trop où camper d'autant plus que le trafic est tel que je n'arriverais vraiment pas à dormir. Mon plan est d'aller jusqu'à Pozoz Almonte un peu au sud de la jonction entre la A16 et la Panaméricaine et demain je repartirais vers le nord. J'avais vu qu'il y avait de quoi dormir sur un panneau touristique à Iquique à Pozo Almonte. Puis je suis doublé par un flic à moto qui me demande ou je vais et me recommande la prudence. Bon je suis bien éclaire et je ne passe pas sur le bas coté plein de cochonneries pouvant me causer des problèmes et j'ai une lampe avant bien plus puissnate que ce que j'avais l'année dernière. Quelques minutes après, je vois arriver en face de moi une voiture de flics qui s'arrête à mon niveau fait demi tour et me suit ! Whouaah, je suis escorté ! Et en plus je bénéficie de leurs phares ce qui me permet d'accélérer un peu car je n'ai plus à me soucier du trafic qui vient derrière moi, car ils ne doublent que quand ils peuvent et respectent bien les distances de sécurité. Ils s'arrêtent et me demandent où je vais. Je leur dit que je vais chercher un endroit pour dormir à Pozo Almonte. Ils me répondent qu'ils vont m'accompagner et que c'est assez plat. Et c'est effectivement assez plat par rapport à ce que j'ai eu avant. Je roule donc très bien et on y arrive. A l'entrée du village ils me proposent de trouver un hôtel. On va une première maison, ils sonnent mais je n'ai vu nulle part que c'était un hôtel, c'est sur, je n'aurais jamais pu trouver cet endroit sans eux. En fait la dame louait des chambres avant mais elle a arrêté. Donc ils continuent à m'accompagner et je vais enfin trouver un hostal c'est à dire quequ'un qui loue des chambres avec douches et sanitaires communs surtout à des travailleurs venus du sud du Chili pour des durées assez longues. La serrure ne fonctionne plus depuis belle lurette. Bof, ce n'est pas grave un des gars qui loue une autre chambre va la forcer sous l'œil bienveillant du propriétaire ! Christian le gars en question a les clés de l'entrée générale et de toutes manière, le propriétaire n'a pas d'autres doubles pour moi, alors il faudra faire avec ! Christian va m'aider à rentrer mes affaires en particulier la remorque qui ne passe pas avec les roues. Puis je vais laisser mon drôle d'oiseau chez le propriétaire qui habite à 50 m d'ici. Je vais terminer la soirée dans un restaurant chinois près de la place centrale.
Le matin, je pars vers le mall Zofri : c'est un centre commercial qui s'est implanté suite à la création d'une zone franche à Iquique : Mario m'avait expliqué qu'on pouvait acheter jusqu'à 1000 $ sans payer de taxe et au delà de 1000 $ on ne payait la taxe que sur la tranche au dessus. C'est ce qui explique pourquoi, il y a un contrôle de douane à l'intérieur du Chili. Je vais voir si je trouve un lampe pour mon vélo pour remplacer celle qui a lâché et que je ne suis pas parvenue à réparer. J'en ai d'autres mais si j'en trouve une ça sera mieux pour rouler la nuit. Je voudrais aussi trouver un téléobjectif. Je ne trouverais ni l'un ni l'autre. Je vais juste acheter une paire de chaussettes de montagne et une lampe frontale assez astucieuse en particulier pour l'astronomie : elle a un filtre rouge qu'on peut faire tourner pour le mettre devant la lentille ou au contraire le sortir. Je vais aussi acheter un clé USB parce que là les prix sont imbattables ( avec cette foutue redevance copie privée qu'on paye en France en plus de la TVA avec des barèmes hallucinants. Je ne vais pas payer une redevance pour engraisser Johnny Halidays dont je me fous complètement alors que je mets dessus surtout des photos personnelles ou parfois de la musique latino qu'on ne trouve même pas en France ! ) Le bilan est un peu maigre car c'est immense et entre la recherche du parking vélo ( il y en a un ) et le temps de faire le tour. Je vais finalement perdre beaucoup de temps. Je passe devant l'Esmeralda 3 mats école de la marine chilienne ( je l'avais vu à Thalassa sur France 3 ) mais pas de chance, on est lundi et c'est jour de fermeture ! Il est donc impossible de visiter, je prends juste quelques photos ainsi que d'un ancien train de voyageurs qui est exposé devant le port. puis je rentre au restaurant de Michel mais c'est un peu tard pour y manger et de toutes manières, je n'ai plus faim. Il va m'indiquer vaguement un endroit ou je pourrais trouver un club de cyclistes local mais ces indications sont vraiment trop vague et sans l'adresse exacte, c'est impossible de trouver. Je laisse tomber et je vais acheter des provisions pour la route et je trouve par hasard la même clé USB qu'au mall Zofri mais encore moins chère dans un supermarché, j'en achète 2 ! (et pas une sous marque des clés HP en plus ! ) Je rentre à l'auberge et je prépare mes affaires pour demain car demain, je sais que la route sera dure avec la montée de la fameuse dune d'Iquique et la jonction avec la Panaméricaine ( Ruta 5 au Chili )
Le matin après le déjeuner, je remplace mon câble cassé et je découvre la cause du problème : la gaine est tordue au niveau de l'atache du cadre et la câble coulisse très mal à cet endroit. Je n'ai pas pensé à la changer aussi et je n'en ai pas d'autre du coup, je remplace le câble en étant sur qu'il casser de nouveau au même endroit sous peu. Mais vu lr montagnes russes que j'ai eu, je pense que le profil de la route vers Arica sollicitera moins le câble que la route de la cote entre Antofagasta et Iquiqque. En effet a la sortie d'Iquiqque, je serais en permanence sur le petit plateau et ça sera pareil sur la cote de la Pampa de Camaronnes. Alors, ça devrait tenir et si ça ne tient pas j'en ai d'autres. Puis je pars à la Casona de Los Tatas. Comme hier, je suis invité et reçu comme un roi ! Mais Michel est très occupé à la caisse car les affaires tournent vraiment bien et c'est mérité ! Je ne connais pas les prix car ils ne sont pas affichés ( ce n'est pas obligatoire ici comme en France car j'ai vu beaucoup de restaurants qui ne les affichent pas ) mais visiblement ça doit valoir le coup par rapport à la qualité et à la variété des plats servis. Il propose même des plats végétariens pour ceux qui le souhaitent. Nous faisons quelques photos avec sa famille. Puis après la fermeture du restaurant il me propose de me prendre à l'auberge vers 21 h 00 pour aller chez des amis me présenter des rites indigènes. Comme j'ai bien mangé à midi et que je n'ai pas beaucoup pédalé hier et aujourd'hui, en rentrant à l'auberge je me contente d'un sandwich et d'une bouteille d'eau au coin de la rue. Comme convenu, Michel arrive à l'auberge mais plus tard que prévu et son T-shirt est un peu sale : il a crevé avec sa voiture en venant ! Nous allons chez ses amis. C'est une maisons immense et nous sommes encore invités à manger quelques bricoles et ils branchent un appareil compact sur la télé et Michel fait un numéro de grimaces, nous sommes tous pliés de rire ! ( désolé, ça ne se raconte pas, il faut le vivre ! ) Puis la soirée se poursuit par une vidéo qu'ils ont tourné entre eux d'une cérémonie Hopi. Les Hopis sont des indiens du sud ouest des États Unis ( Arizona, Nouveau Mexique, Nevada ? ) avec un feu de bois. J'avoue que je n'ai pas bien saisi en quoi consistait la cérémonie avec les quelques explications que j'ai pu comprendre. Et je n'ai pas compris non plus pourquoi les Hopis. Puis après cette bonne soirée Michel me ramène à l'auberge assez tard mais ses enfants ont une énergie débordante et ne semblent pas avoir sommeil.