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Après le déjeuner du matin et le pliage de la tente, je reprends la route et je vais arriver à mi journée chez Alexis, joyeux drille écolo de plus de 60 ans qui a installé une éolienne et des panneaux solaires pour s'alimenter en électricité. Et il est heureux comme ça avec sa femme. Il a aussi un cuiseur solaire qui marche avec de l'huile mais la tuyauterie fuit et il faut qu'il retourne à Arica pour le faire réparer car c'est de l'acier inoxydable et il n'y a qu'à Arica qu'il peuvent le faire. Alexis a une grande bibliothèque avec de nombreux ouvrages en anglais et en espagnol sur différents thèmes comme l'astronomie ( d'après ce que j'ai compris il fait des séances d'initiation pour les enfants qui viennent ici ) Il faut dire qu'ici les nuits doivent être exceptionnelles même si le site est quand même moins favorable qu'au Paranal. Je peux manger quelques pâtes et boire un jus de fruit chez lui avant de reprendre la route. Il a construit sa maison en adobe matériau idéal pour la région qui garde bien la chaleur la nuit et évite que l'intérieur ne soit trop chaud pendant la journée. J'ai même tourné une petite vidéo de lui avec son éolienne qui tourne avec le vent. Pour l'électricité il a aussi un pack de batterie pour la stocker pendant la journée et lorsqu'il y a du vent et l'utiliser quand il en a besoin. Le Chili devrait davantage utiliser l'énergie éolienne et solaire : il y a un énorme potentiel dans ce domaine !
Après avoir quitté Alexis, je me dirige vers Zapahuira et la montée est plus irrégulière avec parfois des parties pratiquement plates et parfois des raidillons infernaux ( toujours cette manie de faire des routes droites comme des I ) ce qui fait que je n'avance pas aussi vite que je ne l'aurais imaginé. Dans l'après midi. Je m'arrête à Zapahuira ou il y a un restaurant et le patron est très sympathique. Je voudrais bien aller à Putre mais le GPS m'annonce qu'il y a encore 30 km en ligne droite et je ne sais pas comment est la route et pourtant, je suis presque arrivé à l'altitude de Putre. Je décide donc de manger et pendant le repas, je vois arriver un autre cycliste avec un vélo droit très chargé. Il s'appelle Pedro et est de Madrid. Il savait que j'étais devant lui car des camionneurs boliviens lui avaient parlé de moi ! En discutant nous nous apercevons que nous avons des connaissances communes : Hernan à Cali et Santiago à Tumbaco près de Quito ainsi que Lorenzo que j'avais rencontré à Tumbaco avec qui j'avais fait une interview sur l'émission Radio Pedal de la radio municipale de Quito. Après avoir demandé comment était la route jusqu'à Putre au patron du restaurant et vu l'heure un peu tardive nous décidons avec Pedro de coucher ici d'autant plus que la patron du restaurant nous offre l'hospitalité dans une pièce à coté de celui ci où nous avons aussi la place d'y ranger les vélos. En effet il y a une bonne descente avant l'arrivée à Putre ce qui signifie qu'avant, il y a une bonne cote ! En plus la serveuse très sympathique est péruvienne et fait des études d'infirmière à Lima. Elle est venue travailler ici car le peso chilien est à un cours avantageux pour elle. Comme elle est vraiment très serviable je lui laisse un bon pourboire. En plus ce restaurant est très fréquenté par les camionneurs, car ils connaissent l'endroit. et il n'y en pas beaucoup comme celui là sur ma route. Nous nous installons avec Pedro dans la pièce que nous a laissé le patron après un bon coup de balai car la poussière s'accumule très rapidement si on ne balaye pas tous les jours et comme la pièce n'est plus utilisée il y en a beaucoup. Nous nous endormons assez tôt pour repartir de bonne heure demain matin.
Le matin, je vais profiter de l'absence de vent et d'un endroit à peu près libre de poussière pour préparer un thé chaud bien sucré et manger un peu de pain et des conserves de poisson puis après pliage de la tente, je quitte très vite cet endroit peu hospitalier et je reprend la route qui continue à monter ( c'est normal la mine n'est qu'à 1700 m d'altitude et le point culminant de la route de la Paz est largement à plus de 4000 m.) Et c'est vraiment le désert. Je ne vais plus trouver grand chose sur la route, et si j'ai des provisions et de l'essence pour le réchaud, par contre l'eau commence à s'épuiser. Heureusement, pour l'eau, il y a une source inespérée : ce sont les camionneurs boliviens qui acceptent volontiers de m'en donner lorsque je leur fait signe avec une bouteille vide ! Certains m'en proposent même spontanément sans que je leur en demande. Ils savent que cette route est difficile en camion alors en pédalant, qu'est ce que ça doit être ! Car si la route est chilienne, la plupart des camions sont boliviens car cette route est l'accès le plus direct et le plus facile à la mer depuis la Bolivie. Et le port d'Arica est essentiel pour l'économie bolivienne. Je vois passer beaucoup de porte container ( vide ou pleins je ne sais pas ) dans les 2 sens des camions de combustibles avec la mention "Peligro" écrite en gros sur la citerne et des porte voitures très chargés dans la montée vers la Bolivie et vides dans la descente vers le Chili. Je vois aussi passer des camions bâchés dans les 2 sens et quelques camions qui transportent des engins de chantier des tracteurs et aussi des pièces spéciales pour des usines ( cuves, treillis métalliques, énormes tuyaux, trucs hors gabarit ... ). Il y aurait largement de quoi remplir des trains entiers et je vois assez peu de voitures particulières. Par contre je ne vois plus du tout de citernes d'acide sulfurique orange comme sur la Panaméricaine au Chili. J'évolue au milieu d'un espèce de pudding minéral dont les grains grossissent avec l'altitude. Normalement, je devrais aussi voir des cactus candélabres mais il en reste très peu. Ces plantes poussent très lentement et sont capables d'aller chercher l'eau très profond dans le sol et de profiter de la moindre trace d'humidité dans l'air. Mais ces cactus ont été décimés car leur bois est dur et ils ont été utilisés abusivement dans la construction. Je suppose que les rares exemplaires qui restent sont protégés mais je ne suis pas sur car la zone ne fait pas partie d'un parc national. Le soir je vais trouver un emplacement meilleur qu'hier sur un parking mais légèrement à l'écart de la route et bien abrité du vent car avec l'arceau de la tente cassé, je cherche au maximum l'abri du vent. La végétation réapparaît progressivement mais encore sous forme rabougrie et assez clairsemée. Bien sur, j'ai toujours le trafic de la route mais il y a très peu de camions qui s'y arrêtent. J'en profite même pour faire un peu de cuisine ( enfin une soupe déshydratée .... ) et du thé bien chaud. Je vais mieux dormir que la nuit dernière malgré un peu de vent qui va m'inquiéter un peu à cause de l'arceau cassé. Demain, je voudrais bien arriver à Putre car si j'ai gagné beaucoup d'altitude ( je suis à environs 2750 m d'altitude gagnés en 3 jours depuis Arica ) Théoriquement, je peux l'atteindre vu que Putre est à environs 3500 m d'altitude et que j'ai fait plus de dénivelé aujourd'hui. Mais c'était sans compter sur quelques montagnes russes ....
le déjeuner du matin sera à l'image du repas d'hier soir c'est à dire peu copieux. Heureusement, j'ai des réserves dans la remorque et il me reste des raisins secs de Tocopilla. Et dès la sortie de Poconchile la côte commence avec plusieurs épingles à cheveux dont une assez difficile à négocier avec un camion qui venait en face. Heureusement que j'ai mon sifflet car je ne suis pas sur que la gars ne m'aurait pas aplati sur le bitume ! Je trouve sur la route un bon restaurant avec un repas bien plus copieux que celui du matin ce qui va me permettre d'avancer beaucoup plus facilement malgré la cote. Dans l'après midi, je suis doublé par une famille française qui vit à La Paz. Je leur laisse ma carte et ils me laissent leur mail quand j'y serais pour les contacter. Ils sont venus passer une journée à la plage du coté d'Arica. Un camionneur bolivien m'a parlé d'une entreprise ou je pourrais peut être dormir et ça tombe bien j'y arrive à la tombée de la nuit. C'est la mine Quiborax ( devinez ce qu'ils y extraient ! ). Je vais bien tenter de négocier une petite place dans un bungalow de chantier mais non, le règlement de l'entreprise l'interdit. Je pense que certains ouvriers auraient été prêts à m'offrir l'hospitalité,mais pas leur chef. Ils m'offriront de l'eau potable et me conseillerons d'aller camper à l'entrée sur le parking des camions près de la route. J'ai d'abord du mal à trouver un emplacement pas trop poussiéreux car tout le parking est recouvert d'une espèce de poussière très fine et assez collante qui pénètre partout. EN plus il y a les camions qui rentrent à la mine ceux qui en sortent et ceux qui s'y arrêtent pour une pause. C'est l'endroit le pire que je pouvais trouver mais je ne le découvre que pendant la nuit. Lors du montage de la tente, je casse l'arceau avant en forçant peut être un peu trop. Du coup elle se monte assez mal et je suis nettement plus à l'étroit. Heureusement, il n'y a pas de vente comme toutes les nuits. Mais la nuit est vraiment mauvaise entre le bruit des camions qui n'arrête pas ceux qui laissent tourner le moteur au ralenti ( là je ne comprends pas pourquoi, le gas-oil n'est donc pas assez cher ? ) ceux qui manœuvrent et la poussière dont je n'arrive pas à me débarrasser. Ce n'était vraiment pas l'endroit pour camper. Si vous passez par là à vélo, campez un peu avant ou un peu après mais pas à l'entrée de la mine.
Après le déjeuner du matin assez copieux offert par Daniel et Myrtha, je les quitte avec regret et je prends la route en direction du Pérou et de la Bolivie mais au départ, c'est la même. En fait la route indiquée pour les voitures n'est peut être pas la meilleure pour moi parce que c'est une espèce de voie rapide qui monte et qui descend sans arrêt. J'aurais peut être eu intérêt à longer la côte peut être que c'était plus plat. En arrivant à l'embranchement de la Chile 11 qui va vers la Paz, je suis applaudi par .. Daniel et Myrtha qui m'attendaient avec leur petite voiture verte en attenant d'aller à Tacna au Pérou. Un dernier adieu et cette fois j'attaque les choses sérieuses. D'après les informations que j'ai pu obtenir jusqu'à Poconchile, la pente est assez douce et je devrais y être assez rapidement. C'était sans compter sur le revêtement : de la râpe à fromage assez grossière qui me freine énormément malgré le vent qui m'aide un petit peu. J'ai au moins 20 km de râpe à fromage avec quelques montagnes russes mais assez douces dans l'ensemble. Je vois plusieurs panneaux annonçant un gîte un restaurant et du yoga qui annoncent Eco Truly. J'ai vu aussi une référence à Eco Truly dans le guide Lonely Planet à la sortie de Poconchile. Comme il est assez tard, je décide de camper à Poconchile et d'aller à Eco Truly. L'endroit est un peu spécial : il y a des espèces de cabanons en adobe avec une forme de stupa et des décorations assez bizarres faisant penser à la maison du facteur Cheval en France. Il y a quelques règles à respecter : pas d'alcool, pas de drogue, pas de viande, ne pas fumer, utiliser les toilettes sèches ( j'ai déjà vu ce système en France à Biocybèle à Gaillac ). Question viande, j'ai bien quelques conserves de poisson mais je les garde pour plus tard donc pas de problème. Je me passerais de bière ce soir et pour le reste ça ne me manque pas ! Il est possible de camper ou de coucher dans un cabanon. Je décide de camper car le temps est assez agréable et de prendre le repas végétarien au restaurant d'Eco Truly. Il y a aussi un temple et on me propose d'aller à une cérémonie le lendemain à 6 h du matin ! Non merci à 6 h demain je dormirais encore, c'est que j'ai les Andes à grimper en pédalant ! Bien sur le repas du soir est végétarien. Oui mais végétarien n'est pas incompatible avec copieux et tous les écolos baba cool d'Eco Truly y viennent en pick up alors c'est facile de manger léger et végétarien ! La soupe du soir est vraiment insuffisante : ils s'imaginent que je vais monter les Andes avec ça en pédalant ! J'en demande une 2ème assiette qui sera servie sans difficultés. Mais bon. Bien sur je ne vais pas leur montrer les photos de la fête chez le père de Pac Fen parce que là, ils vont devenir fous avec toute cette viande sur les tables. Ce qui est étonnant c'est qu'ils ont des chiens et des chats. Ils leur donnent quoi à manger, de la pâtée de maïs ou des croquettes de patates douces ? C'est bizarre quand même, ces végétariens qui ont des chiens et des chats. Malgré tout, l'endroit est très agréable et je vais bien dormir car en plus, c'est un peu à l'écart de la Chile 11 et on entend à peine le trafic et en plus le terrain herbu est très confortable.
Après le déjeuner du matin, je pars au Lider faire quelques provisions pour la route car je sais que jusqu'à Putre il n'y a pas grand chose et même à Putre le choix sera plus limité qu'ici. J'achète encore de la gaine et des câbles chez Wilson puis je reviens chez Daniel et Myrtha en fin de matinée mais c'est fermé et je n'ai pas la clé. J'attends un moment et comme jje ne vois personne arriver, je décide de partir vers le centre ville dans la rue piétonne pour aller manger et faire quelques derniers achats. Après avoir trouvé un emplacement dans un parking pour mon drôle d'oiseau, je cherche où manger et je suis appelé par quelqu'un qui m'a vu ! A l'instant, je pense que c'est Daniel mais non, c'est Michel le restaurateur d'Iquique qui est de passage à Arica sur la route de Tacna au Pérou qui est attablé à une terrasse avec sa famille ! Incroyable que le monde est petit ! Il est parti très tôt le matin d'Iquique et d'après ce que j'ai compris il va au Pérou pour les affaires de son restaurant car beaucoup de produits sont moins chers au Pérou qu'au Chili. En tout cas il a mis nettement moins de temps que moi pour faire la route. Puis je rentre chez Daniel et Myrtha dans l'après midi et il ne me reste qu'un truc à régler : c'est la fixation du panneau sur mon drôle d'oiseau ou sur la remorque : Daniel va encore trouver une solution astucieuse en discutant avec lui et avec l'aide d'un de ses amis qu'on va voir à 9 h du soir dans son bar ! Il va fixer 2 petites lattes de bois avec 3 ou 4 vis et faire 2 trous. Le panneau est bien fixé sur la cadre au dessus du siège bien visible. Daniel tu es vraiment formidable !: Jusqu'au dernier moment tu m'as dépanné pour tout un tas de petits problèmes pas forcément bloquants mais un petit peu agaçants. Après cette dernière réparation nous allons dormir. Demain j'attaque un gros morceau : la montée des Andes en pédalant cette fois !